Bretonnière

HISTOIRE SUCCINCTE DU QUARTIER BRETONNIERE

Epoque gallo-romaine :

Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, un camp gallo-romain fortifié s’installe sur une ancienne station néolithique, à l’emplacement de l’actuelle l’église Notre-Dame. A la faveur de la « pax romana », une bourgade importante va se développer y compris sur les hauteurs.
En direction du sud, en Montremenot et Lulune, un vieux refuge protohistorique a d’abord abrité des légionnaires, avant qu’un établissement important ne s’installe autour de la source qu’on peut toujours voir aujourd’hui en Lulune. Plusieurs traces de construction, des stèles et de nombreux petits vestiges attestent de l’occupation du site jusqu’au IVe siècle.

Plus au sud, en direction de Chalon-sur-Saône, en Chavet, entre Montagny et Bligny-lès- Beaune et notamment à la hauteur du « Guidon de Pommard », d’importants ensembles de villas gallo-romaines ont été retrouvés. Lors des Grandes Invasions, les Burgondes s’installent dans ces grandes propriétés et y poursuivent l’exploitation agricole. Le nom de Bretonnière serait, selon les spécialistes, une déformation de Brettaniaria, ou villa de Brittanus, un « barbare » breton venu se fixer au sud de Beaune. Des vestiges ont été retrouvés en Tuvilains.

C’est dire si l’occupation humaine et la circulation ont été denses, depuis les temps néolithiques et durant tout le haut Moyen Age, dans l’actuel faubourg Bretonnière.
L’agglomération beaunoise se développe le long des voies de communication et spécialement le long de l’axe nord-sud. Dès 1231 la « Porte de Bretenière » est citée : elle donne directement sur la rivière, à l’extrémité nord de l’actuelle rue Maufoux (ex rue Bretonnière).

Durant tout le Moyen Age et jusqu’à la Révolution, le quartier n’évolue guère, partagé entre les activités agricoles côté plaine, et la vigne côté Côte. A l’est, il est voisin des possessions des moines de Cluny et des biens des Templiers de Saint-Jacques. Mais nulle chapelle n’est édifiée de ce côté, à part l’ermitage Saint-Désiré, survivance un peu légendaire d’une présence religieuse isolée sur les hauteurs dominant les Tuvilains et Bretonnière.
En bas de pente, le lieudit des Tuvilains conserve la trace des anciennes structures sociales de la période féodale, avec le terme « vilain » désignant un paysan libre (par opposition au serf).

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Une voie de grande circulation :

A la sortie de la ville, en direction de Chalon, des auberges se sont installées, comme l’Ecu de France au n° 14 du faubourg. La plus importante est sans doute l’hôtel de l’Arbre d’Or, aujourd’hui Hôtel de la Poste, héritier de l’ancienne Poste aux chevaux. La Poste aux chevaux, durant tout l’Ancien Régime, est un réseau d’auberges et d’écuries servant de relais installés le long des routes royales pour assurer le repos des voyageurs et la mise à disposition de chevaux frais. Ces établissements sont tenus par des « Maitres de Poste ». Au XIXe siècle, les Archives Municipales ont conservé les papiers du Maître de Poste Brenet.

On trouve probablement aussi, à proximité de ces auberges, des artisans dont le métier est lié aux transports : charrons, maréchaux-ferrants, selliers, etc. Les habitations des vignerons complètent la zone d’habitations, qui ne dépasse pas les abords de la route : les vignes descendent très bas vers, jusqu’au début du XXe siècle.

Une porte monumentale s’édifie … et se démolit en moins de cent ans
Au XVIIIe siècle, un maire de Beaune, Jean-François Maufoux, décide de moderniser l’allure de la ville, encore enfermée dans ses fortifications du XVe siècle. Il fait abattre une partie de ces remparts, pour en faire un jardin public – l’actuel Square des Lions – et fait percer deux larges portes, l’une au nord – la porte Saint-Nicolas – et l’autre au sud, la porte Bretonnière dans le même style monumental. Elle est achevée en 1782 sur les plans du voyer Quinard.

Cependant, cette porte reste trop étroite pour absorber l’important trafic de personnes et de marchandises qui circulent sur la route de Chalon : la porte Bretonnière est démolie par décision du conseil municipal du 24 novembre 1869.

Une vocation de passage qui perdure :

Le faubourg conserve des traces très nettes de sa vocation de passage : les garages ont succédé aux charrons, et il y en a encore aujourd’hui un nombre impressionnant : Renault, Peugeot, Fiat, Citroën, le garage Guepey sont toujours là. Les stations d’essence ne sont plus très nombreuses, mais on en comptait encore 5 dans les années 1970. Le magasin de cycles a fermé il y a déjà longtemps. Quant aux bus Roblin, qui assuraient le transport des voyageurs entre Chalon et Dijon, ils avaient leur dépôt et leurs guichets juste en face de la gare du « tacot ».

L’aventure du tramway :

L’histoire du quartier est marquée au XIXe siècle par l’irruption du tramway qui dessert toute l’arrière-côte en direction de Bligny-sur-Ouche et jusqu’à Semur. La gare de Pommard reste aujourd’hui le seul témoin de cette période qui avait vu les rails s’installer sur la chaussée du faubourg et une jolie petite gare de bois s’édifier sur le boulevard, en face de la Brasserie bourguignonne. Ouverte en 1891, cette ligne n’est exploitée que quelques dizaines d’années car, très rapidement, les progrès de l’automobile lui font une concurrence irrésistible.

Les fêtes de la Belle Epoque :

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La Belle Epoque se signale aussi par les mémorables fêtes populaires du quartier Bretonnière, qui rassemblent aux beaux jours une foule joyeuse entre le boulevard et celui de la route de Bligny. Des cartes postales de 1905 témoignent de la vitalité de la kermesse avec la population se pressant dans le faubourg pavoisé et un bateau fleuri circulant dans le fossé du rempart …

Le développement du quartier dans la 2ème moitié du XXe siècle :

Tout change dans les années 1950 avec un événement d’importance : la construction des premiers bâtiments HLM. Le premier ensemble de 50 logements HLM de Beaune est édifié en 1951, avenue Maréchal de Lattre, et la demande de logements est très forte. Une usine de composants électroniques, la COFELEC, s’installe à Beaune en 1960 et emploie 250 personnes. Une implantation est décidée dans le quartier Bretonnière, et les premiers bâtiments des Vérottes sortent de terre en 1959. Cette nouvelle zone urbaine repousse la limite des vignes vers la Côte et s’accompagne d’une zone pavillonnaire qui transforme radicalement la physionomie du quartier.
L’école Bretonnière, maternelle et primaire, est bâtie en 1963 pour accueillir les enfants de ce nouveau quartier. Un centre de loisirs périscolaire fonctionne au cours des années 1990 et le Centre Social Bretonnière vient compléter les structures d’accueil en 2001.

Pour en savoir plus :
– Histoires de Beaune : Lucien Perriaux, Guy Renaud, Jacques Vinceneux
– Registres de délibérations du conseil municipal de Beaune
– Publications des sociétés savantes locales, notamment Société d’Histoire et d’Archéologie de Beaune
– Rapports de fouilles archéologiques
– Recensements et registres fiscaux
– Plans cadastraux
– Cartes postales et fonds photographiques

Crédit photo : Archives municipales de Beaune