Yin Xin dans son atelier parisien © Yin Xin
Cet amoureux de la culture occidentale revisite les chefs-d’œuvre de la peinture européenne en substituant des figures chinoises aux visages occidentaux. Une sélection de ses tableaux est présentée dans la première salle du musée des Beaux-arts. Sa récente rencontre avec le patrimoine beaunois l’invite à exécuter deux toiles, l’une en hommage aux sœurs hospitalières des Hospices et la seconde à la mémoire d’Irma Grivot, religieuse beaunoise morte en Chine en 1900. Ces deux peintures sont exposées dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu.
Portrait d’une Chinoise d’après Léonard de Vinci. © Yin Xin
Né à Kashgar sur la route de la soie dans l’extrême ouest de la Chine, Yin Xin n’a que 7 ans lors de la Révolution culturelle lancée par Mao en 1966. Très
jeune, il manie le pinceau et reproduit des affiches de propagande communiste. Au début des années 1980, il étudie à l’académie des Beaux-arts de Xi’an en Chine, puis à l’Institut royal de technologie à Melbourne en Australie.
En 1994, il s’installe à Paris où il découvre le musée du Louvre et les grands maîtres de la peinture occidentale. La révélation de l’art classique inspire à Yin Xin la création d’œuvres revisitées où se mêlent culture européenne et références chinoises. Entre hommage et détournement, il compose ses toiles en métamorphosant les tableaux de peintres tels que Manet, Botticelli, Caravage, Holbein, Titien, Ingres, David, Vélasquez, La Tour…
L’artiste élabore un style dans lequel il greffe chez les sujets de tableaux anciens des visages chinois, tout en incorporant des éléments de décor et d’architecture propres au patrimoine asiatique.
Une certaine mélancolie s’exprime dans les œuvres de Yin Xin qui pose un regard nostalgique sur le monde l’environnant. En 2016, il connaît un vif succès en exposant un Botticelli « réinventé » au Victoria and Albert Museum de Londres. En 2017, la cathédrale Notre-Dame de Paris lui commande trois œuvres, dont un portrait de Saint Paul Chen décapité en 1861, en l’honneur de la communauté catholique chinoise.
A l’occasion du visionnage de La Grande Vadrouille, Yin Xin est séduit par les célèbres Hospices de Beaune et est profondément impressionné par les religieuses à la coiffe blanche qui portent assistance aux déshérités. En 2019, l’artiste se rend dans la capitale des Vins de Bourgogne et visite ce monument ainsi que la collégiale Notre-Dame. Emu par ces découvertes, le peintre réalise alors une composition regroupant sept sœurs intitulée Les sœurs hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Beaune.
La figure centrale, mains jointes sur le cœur, manifeste sa compassion pour les plus démunis. La mise en relief de l’habit traditionnel des religieuses met en lumière des visages teintés de bonté. Dans un second tableau, le peintre s’attache à représenter la religieuse franciscaine Irma Grivot née à Beaune en 1866. Engagée comme missionnaire en 1899, elle parcourt dix mille kilomètres pour œuvrer auprès d’un orphelinat chinois et aider les malades à Taiyuan en Chine. Mais la révolte des Boxers, mouvement opposé aux colons étrangers, éclate : elle est arrêtée puis décapitée en 1900. Yin Xin présente la martyre canonisée par Jean-Paul II en 2000, sous les traits de Sainte Marie-Hermine de Jésus, nom religieux d’Irma Grivot.
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