François MORTUREUX, histoires d’un homme d’Histoire

3_fi_1826_copyright.jpgLa ville d’Arc-et-Senans voit naître François Mortureux le 17 juillet 1918. Son père, Louis, est alors directeur adjoint de la Société des forces motrices de l’Est. Sa mère Anne Cyrot est issue d’une famille beaunoise puisqu’elle est fille d’Henri Cyrot et petite-fille de l’avocat Louis Cyrot, membre éminent de la Société d’histoire et d’archéologie de Beaune.

Cette atmosphère érudite a sans doute influencé les choix de François Mortureux qui, après des études chez les Jésuites de Dole, entame des études littéraires à l’Université de Besançon où il obtient un DES de Lettres.

Après un passage à la Bibliothèque Nationale, François Mortureux échoue de peu au concours d’accès à l’Ecole normale supérieure de bibliothécaire ; il se tourne donc pour un temps vers l’enseignement. Il exerce ainsi successivement à Besançon, Dijon et Beaune, toujours au sein d’établissements privés. Il faut dire que François Mortureux est issu d’une famille très catholique puisqu’il descend notamment de l’écrivain chrétien Théophile Foisset, correspondant de Lacordaire et Montalembert.

Ainsi, François Mortureux enseigne grec et latin à l’institution du Saint-Cœur de Beaune jusqu’à sa rencontre décisive avec Marguerite Masson, bibliothécaire de la ville, qu’il rejoint en septembre 1960. Tous deux se jettent avec passion dans le dépouillement et le catalogage du fonds ancien ; lui-même reclasse patiemment plus de 18 000 volumes des fonds des XVIIe et XVIIIe siècles.
En 1968, après quelques années de loyaux services à la Bibliothèque, François Mortureux est chargé du tout nouveau service des Archives, qui n’a de service que le nom puisque notre archiviste travaille seul à mi-temps dans ce qui ressemble davantage à un grenier qu’à une salle d’études.

Malgré tout, seul et un peu submergé, François Mortureux donne une existence à cette entité grâce à son rayonnement intellectuel et à son excellente maîtrise de l’Histoire de Beaune. Délaissant les archives administratives contemporaines qui l’intéressent peu, notre archiviste se plonge avec délice dans les dossiers d’Ancien Régime, accumulant force notes sur de nombreux sujets comme les Protestants à Beaune, les artistes, les familles de Beaune. Il reçoit étudiants, chercheurs et autres généalogistes, les guidant avec soin dans leurs recherches.

Rigoureux et exigeant, François Mortureux est un des initiateurs du Centre beaunois d’études historiques en 1978, fondé pour redynamiser une recherche historique que d’aucuns trouvaient ronronnante. Il donne régulièrement des articles au Centre qui publie également en 1984 sa très complète biographie de Xavier Forneret – renouant ainsi avec sa formation littéraire. Cet ouvrage succède à un livre plus grand public sur Beaune et ses deux cantons en 1900 à travers les cartes postales, paru en 1982.

La carrière de François Mortureux prend fin le 11 mai 1984, date à laquelle il doit prendre sa retraite. L’homme, solitaire, se retranche alors derrière les murs de son hôtel de la rue Thiers où il cultive ses activités de bibliophile et de chercheur, constituant patiemment un extraordinaire fonds d’ouvrages et d’archives dont il fait intégralement don à la Bibliothèque et aux Archives municipales. C’est ainsi qu’il offre en 1997 à la Bibliothèque un fonds de partitions musicales comprenant plus de 700 manuscrits et 600 imprimés, ce qui lui vaudra de recevoir la médaille d’honneur de la Ville de Beaune. Ce don sera suivi d’un legs, après son décès survenu le 19 juillet 2005, legs qui enrichit de façon conséquente les fonds de la Bibliothèque et des Archives.

©Archives municipales de Beaune – Sonia Dollinger