HOTEL DE VILLE

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En 1626, les sœurs Ursulines d’Autun (Ursulines : congrégation fondée à Paris en 1611 à vocation d’enseignement), désirant fonder une maison à Beaune, achètent l’hôtel des Bernard de Montessus puis celui des Damas de Marcilly qu’elles transforment. C’est seulement le 6 juillet 1697 qu’est posée la première pierre du couvent, par madame Richard, élue douairière, et par la supérieure Marie de Saivre dite de St Michel.

L’église du couvent des Ursulines est alors dotée d’un clocher et ouverte au public qui peut venir y entendre la messe. Les murs de cette église sont ornés de statues et de tableaux et visiblement de fleurs de lys dont on trouvait encore des vestiges dans les années 1940. Dans les nombreuses parties formant un ensemble fermé, elles assurent un enseignement auprès des jeunes filles des familles notables.

En 1790, le couvent des Ursulines est déclaré Bien National, comme les autres édifices religieux de Beaune.
En 1793 L’administration municipale, trop à l’étroit dans les bâtiments de la place Monge, se porte acquéreur du couvent le 9 nivôse an 2 (29 décembre 1793).

Une partie du monastère est jugée solide, spacieuse et bien construite. Mais les bâtiments sur la rue sont en mauvais état : « Son entrée est extrêmement rétrécie et malpropre ; l’extérieur présente un aspect désagréable ; l’intérieur exige beaucoup de distributions ; une partie des bâtiments tombe en ruine ; les autres ont besoin de grandes réparations ; (délibération du 4/9/1810) et pour opérer les unes et les autres il faut au moins une somme de trente mille francs. La chapelle est désaffectée et le clocher démoli le 4 ventôse an 2 car il menace de s’écrouler.

Cependant, on ne démolit pas tout de suite ces bâtiments. Dans l’intention de créer des revenus à la Ville on loue en l’an X pour vingt sept ans le grand corps de logis et l’aile gauche à des particuliers – notamment à des tonneliers et des brasseurs – et le service de la mairie est confiné dans l’aile droite qui ne comporte qu’une salle et deux bureaux (délibération 8/3/1813). D’ailleurs, les Ursulines reviennent dès 1802 pour exercer l’enseignement des jeunes filles dans les bâtiments donnant sur la rue de l’Hôtel de Ville.

Le 28 juin 1815 un incendie ravage une partie des toitures du bâtiment. Cet incendie est à l’origine des nombreux travaux qui donnent à l’édifice l’aspect que nous connaissons :
– En octobre 1815 les bâtiments situés le long de la rue de L’Hôtel de Ville actuelle sont démolis (ceux de l’aile nord demeurant encore loués jusqu’en 1828).
– En 1818 est construit le frontispice : il est orné des armes du roi, de trophées et attributs militaires. Il sculpte aussi un Mercure, protecteur du commerce, et une Cérès, déesse des moissons. Les sculptures sont réalisées par Louis Bonnet, 3ème d’une lignée de sculpteurs beaunois, qui fournit la pierre et la main d’œuvre pour 1310 F. Délib. du 12/2/1818 – 1 D 14.

En 1824 est percée la petite rue qui permet d’accéder aisément à l’Hôtel de Ville. Cette rue porte le nom de Maurice Emmanuel (1862-1938) depuis 1939.

En 1828, l’ancienne chapelle est divisée en deux, une partie est transformée en salle des fêtes et de réceptions et la seconde partie est transformée en salle du conseil municipal. (NB : ce dernier point est obscur et demande à être vérifié)
C’est sans doute à ce moment qu’est transféré sous les arcades l’ancien portique qui ornait l’entrée des Halles et qui, menaçant ruine, était promis à la démolition dès 1809.

En 1850 est construite l’aile nord : transformée en salle d’exposition pour les Musées, on y rassemble les objets et tableaux appartenant à la Ville. Après 1871, cette salle devient une salle des fêtes (aujourd’hui salle de danse).
A la façade est intégré un cadran solaire.

En 1871, le Musée des Beaux-Arts est transféré à l’emplacement de l’ancienne chapelle des Ursulines. Il y reste jusqu’en 2001, date de son transfert à la Porte Marie de Bourgogne. Le lieu est transformé en salle de réception et inauguré en décembre 2007.

En 1896 est installé le monument aux morts de la guerre de 1870, élevé par souscription publique sur les plans de Maxime Deschamps (architecte des Ets Calvet). Il restera en place jusqu’en 1954, date de son transfert devant le cimetière.

En 1936, un incendie ravage les greniers de l’Hôtel de Ville (voir fonds figurés), l’eau des pompiers endommage alors définitivement les archives qui y sont entreposées, notamment le fonds ancien.

Plusieurs plaques ou inscriptions figurent sur le monument :
– La mention de la fondation du couvent par la sœur douairière en 1697
– « 27, 28, 29 juillet, aux mânes (âmes des morts) de nos frères morts pour la liberté » : il s’agit de la commémoration des « Trois Glorieuses » de la Révolution de juillet 1830 qui succède à la seconde Restauration. Elle est déclenchée par le coup de force de Charles X vis-à-vis du parlement, qui déclenche à Paris une insurrection républicaine. Charles X doit quitter Paris et la monarchie constitutionnelle change de dynastie avec l’avènement de Louis-Philippe, « roi des Français ». Le maire de l’époque est Poulet-Denuys, négociant, mais la plaque est peut-être posée plus tard.
– Une plaque commémorant les victoires des armées alliées durant la 1ère guerre mondiale, menées par le Ml Foch et Georges Clémenceau (loi du 17 novembre 1918).
– Grand prix européen du fleurissement en 2006
– Sommet franco-allemand Kohl-Mitterrand le 1er juin 1993

L’Hôtel de Ville est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1946.

Crédit photo : Archives municipales de Beaune