En pleine guerre d’Algérie, le Mouvement National des Elus Locaux, présidé par le sénateur maire de Beaune Roger Duchet, et l’Union pour le Salut et le Renouveau de l’Algérie Française, prennent l’initiative de créer des jumelages entre des communes métropolitaines et algériennes. Cette action est menée pour que les Français de métropole se sentent solidaires des Français et des Musulmans d’Algérie car, selon les instigateurs, l’action militaire ne suffit pas à ce que l’Algérie demeure française, il faut une prise de conscience générale.
Une délégation de maires d’Algérie accompagnés d’élus locaux et de musulmans se rend à Paris le 16 juin 1956. 25 communes algériennes sont alors parrainées par des communes métropolitaines dans le cadre de l’action Solidarité Communale Métropole-Algérie. Beaune est l’une des premières communes à s’inscrire dans ce mouvement.
A Beaune, la cérémonie de jumelage avec Ain-Abessa a lieu le 20 juin 1956 dans la salle du conseil municipal : Roger Duchet reçoit le colonel Laherre, maire de la commune filleule. Dans son discours, Duchet prononce ces mots : « La France essaie de sauver l’Afrique du Nord qui fait partie intégrante de la France elle-même. Nous connaissons les difficultés des Français d’Algérie ». Le colonel Laherre remercie la Ville de Beaune pour son soutien et donne une description de sa commune. Ain-Abessa se situe dans le département de Constantine, à 20 kilomètres au nord-ouest de Sétif. Cette commune, créée le 1er janvier 1879, a une superficie de 20009 hectares et est située à 1175 mètres d’altitude. Elle comprend deux centres, Ain Cheufa et Faucigny, et trois douars. En 1956, sa population est de 7200 habitants dont 125 européens répartis en 30 familles. Un premier corps électoral est composé de 180 électeurs, dont 40 sont des Musulmans. Un second corps électoral totalise 1300 Musulmans. L’agriculture est la principale activité de la ville : le blé dur et d’orge sont cultivés. Seules cinq fermes européennes sont installées dans la commune. Le colonel Laherre rapporte aux Beaunois la situation suivante : « Les familles européennes s’amenuisent. Les familles musulmanes au contraire, prospèrent ». Il n’y a ni commerçant, ni artisan, ni médecin. Une infirmière apporte les premiers soins à la population et un médecin de Sétif vient deux fois par semaine. 200 élèves sont scolarisés dans l’école de la commune, répartis en six classes, et une seconde école est en construction. Ain-Abessa n’a pas subi de crime lié à la guerre d’Algérie, seulement quelques dégradations matérielles comme le souligne son maire : « Aujourd’hui, la vie y est encore à peu près normale, mais les esprits sont tendus, la population vit dans la crainte ».
Une délégation municipale se rend à Ain-Abessa en octobre 1956 pour « étudier sur place la façon de matérialiser l’aide » : M Benoît, adjoint au maire, est chargé de le représenter. Il établi différents projets comme la constitution d’un comité de parrainage qui aurait pour mission d’apporter une aide matérielle à Ain-Abessa (fournitures scolaires, vêtements, médicaments) et d’organiser des échanges entre les enfants des villes. A son retour, il demande qu’une aide financière soit accordée à la ville jumelle. Cette demande est mise à l’étude lors de la séance du conseil municipal du 5 décembre 1956.
Après 1956, aucun document ne fait mention du jumelage et de son devenir.