La « clémence » d’un roi envers les Beaunois.

En octobre 1478, Louis XI confirme par lettres patentes les privilèges de la ville de Beaune. Mais cela ne se fait pas sans heurts.
Eudes III, duc de Bourgogne, avait octroyé une charte de franchises à la ville de Beaune en 1203. Confirmée par ses successeurs, la vie des habitants s’écoulait sous administration communale. Cependant, les confrontations diverses entre les rois de France et les ducs de Bourgogne allaient entraîner les Beaunois dans une situation de combat qui restera historique.
Le 29 janvier 1477, à la mort de Charles le Téméraire, les Etats de Bourgogne, réunis en assemblée à Dijon, reconnaissent Louis XI comme souverain. Ce dernier promet la sauvegarde de tous les privilèges bourguignons. Oui mais voilà, de ce roi, les Beaunois n’en veulent pas. A l’instar d’une partie du duché, ils se rallient à la bannière de Marie de Bourgogne. Fille du dernier duc, épouse de Maximilien de Habsbourg, elle revendique son héritage et défie les armées du roi de France.
Dès lors, pour Beaune, il faut organiser les défenses de la ville face aux armées royales. Des discussions s’engagent et des décisions sont prises. En janvier 1478, Le chapitre de Notre-Dame nomme Philippe de Chaumergy au poste de capitaine de ville. Les chanoines, de leur côté, participent puisqu’ils versent en mai 1478, « 400 francs pour la solde des gens d’armes et Allemands ». En juin, c’est « un don de pain, vin et froment aux pauvres ouvriers qui font les boulevards et tranchées hors les murs, à proximité du Moulin du Pré». Ainsi, la municipalité, la bourgeoisie, le chapitre et quelques nobles soutiennent Marie de Bourgogne, tandis que Louis XI peut compter sur des personnalités telles que le prieur de Saint-Etienne, quelques nobles dont Philippe Pot, seigneur de la Roche et de Thorey-sur-Ouche, chevalier de la Toison d’or et futur grand sénéchal de Bourgogne, et l’abbé de Cîteaux qui a résidence rue des Tonneliers. Ce dernier voit sa propriété confisquée et « une importante possession de l’abbaye, qui se situait à Beaune sur le meix de Cîteaux à la pointe ouest de la ville, est détruite, car sa situation hors les murs pouvait constituer un point d’appui dangereux pour d’éventuels ennemis ».
Malgré ces précautions, Beaune, dont la position est stratégique car elle permet la liaison avec le val de Saône, se retrouve isolée. En effet, la plupart des villes qui ont résisté sont soumises par la force. Sans espoir de secours de la part de troupes extérieures, Beaune ne peut compter que sur sa propre défense et la résistance de ses habitants. Durant cinq semaines elle tiendra face aux assauts des troupes du roi. Un siège qui connaitra son terme le 2 juillet 1478.
A présent, l’heure est au bilan et aux réparations. Une amende de 40 000 écus est réclamée aux Beaunois en échange de la vie sauve. Les partisans de Marie de Bourgogne, eux, sont punis et se voient confisquer leurs biens. Cependant, le roi consent, afin d’apaiser les esprits, à rétablir « tous les privilèges, libertés, franchises accordés par les ducs de Bourgogne et les rois de France ». De politique habile et dans le souci de fidéliser ses nouveaux sujets, Louis XI confirme sa décision par lettres patentes, au château de Plessis-lès-Tours.
Les Archives de Beaune détiennent le précieux parchemin, témoignage matériel des privilèges reçus par la ville par reconduction du seul roi, Louis XI.

Sources : Archives municipales de Beaune, Carton 1 N°26.
Guy Renaud, Histoire de Beaune, La Taillanderie, 2005.