A l’occasion de la restauration du Christ du porche Nord de la Collégiale Notre-Dame par Aubert Gérard et de sa réinstallation, il est intéressant de se pencher sur le sculpteur qui a réalisé cette œuvre datée de 1804. Il s’agit de Jean-Louis Bonnet, artiste beaunois qui a laissé sa marque sur les édifices publics et dans les demeures des particuliers.
Jean-Louis Bonnet est le fils de Jean-Louis dit Antoine Bonnet, venu du Languedoc. Né en 1718, Antoine Bonnet fait son tour de France, ce qui le conduit à se fixer à Beaune où il devient maitre menuisier. Il épouse successivement Anne Guillier puis Philiberte Monnot et fait souche à Beaune. Antoine est l’auteur d’œuvres à l’église Saint-Pierre de Beaune (aujourd’hui disparue) et à l’église de Volnay.
Antoine meurt en 1790 et parmi ses quatre enfants, on retrouve Jean-Louis Bonnet, auteur du Christ de Notre-Dame. Né en 1754 à Beaune, Jean-Louis reprend le métier de son père. Il est sans conteste le plus connu de la famille. Il étudie à Paris pendant quatre ans et revient s’installer comme maitre menuisier dans sa ville natale où il épouse Louise Moissenet. Jean-Louis Bonnet travaille pour toute la bonne société beaunoise, aussi bien religieuse que laïque. Bonnet est l’auteur des décors de la chapelle des Visitandines, de ceux des hôtels des familles Brunet de Monthélie, de Cissey, de Montille, de Juigné, de Charodon, de Richard d’Ivry, Gauvain, Chappeau (passage Sainte-Hélène actuelle).
Bonnet travaille aussi à sculpter le fronton de l’ancienne salle de la Comédie rue Spuller ou du fronton de l’Hôtel de Ville, ravagé par un incendie en 1815. Jean-Louis Bonnet veut également transmettre son savoir et ouvre une école de dessin dans les locaux du Collège de Beaune. Parallèlement, il développe son atelier avec l’aide de son fils Louis.
La Collégiale Notre-Dame porte encore la marque de son passage puisqu’il est donc l’auteur du Christ du porche nord qui servait auparavant de Christ sur la Croix de mission abattue en 1830. Le Christ, sauvé du désastre, est installé à Notre-Dame. Jean-Louis Bonnet a également réalisé la statue de Saint Michel terrassant le dragon que l’on peut encore admirer dans l’église.
Son fils Louis reprend la tradition familiale, y compris l’enseignement du dessin, et compte parmi ses élèves quelques artistes ou célébrités beaunoises comme Hippolyte Michaud, Alfred Vergnette de Lamotte et probablement le jeune Félix Ziem selon son le biographe des Bonnet Victor Advielle.
Sources :
Advielle Victor, Les sculpteurs Bonnet et l’école de dessin de Beaune de 1784 à 1892, Paris, 1893.
Moingeon-Perret Geneviève, « Les quatre Bonnet qui étaient cinq », Mémoires de la Société d’histoire et d’Archéologie de Beaune, T LVIII.