La situation beaunoise durant le conflit franco-prussien en 1870-1871

avis.jpgLa guerre franco-prussienne oppose l’Empire français de Napoléon III au royaume de Prusse et ses alliés. Le conflit dure du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871, date de l’armistice s’illustrant surtout par l’occupation de la France par l’ennemi. Au début du conflit, afin de soutenir l’armée française partie au front et les dispositions prises pour la défense nationale, un arrêté de l’administration provisoire du 15 octobre 1870, appuyé par le Code Pénal, condamne sévèrement tout acte de collaboration : « Interdiction de l’exportation à destination des localités envahies par l’ennemi, des céréales, denrées alimentaires et de tous produits susceptibles d’être employé à l’habillement et l’équipement des troupe » ; « Sera puni de mort quiconque aura fourni aux ennemis des secours en argent, vivres, armes et munitions ». L’exécution de ces actes ne se fait pas attendre : « D’après les ordres du Ministre de la Guerre, M. Arbinet, négociant à Dijon, arrêté le 26 octobre 1870 à onze heures du soir, a été fusillé aujourd’hui 27 octobre à quatre heures et demi de l’après-midi comme ravitailleur de la ville de Dijon occupée par l’ennemi et pour avoir tenu des propos compromettants pour la défense nationale ». A la suite de l’armistice, des mesures d’interdictions et de restrictions sont rapidement mises en place notamment à Beaune, occupée par deux fois. En général, elles sont annoncées par avis placardés en des lieux visibles de tous. Voici un exemple des premières mesures imposées par la Prusse dès le 3 février 1871 : « […] toutes les armes de guerre ou de chasse devront être réunies et centralisées à l’Hôtel de Ville. Toutes les maisons et magasins devront être maintenus ouverts. Les soldats seront logés directement chez les habitants […] qui devront les nourrir ». Pour éviter toute manifestation, des rations de nourriture destinées aux soldats sont disposées à la mairie, ainsi que le nécessaire pour pouvoir nourrir leurs chevaux. Puis, selon l’avis du 14 février 1871, on impose la monnaie allemande comme moyen de paiement : « le commandant en place ordonne que, pendant l’occupation de la ville de Beaune, la monnaie prussienne (papier et argent) ait cours forcé ». Enfin, contrairement à l’année précédente, il n’était pas conseillé de s’opposer aux ordres de l’occupant. Ainsi, pour avoir refusé d’obéir « aux ordonnances et ordres » du préfet provisoire de la Côte-d’Or M. Ygel (et émanant du gouvernement ennemi), le sous-préfet de Beaune, M. Lamarle, est arrêté. Il est d’abord transporté à Dijon pour être interrogé et jugé, pour ensuite être expédié « dans la forteresse de Minden en Prusse » selon les ordres du général de Manteuffel. Il est alors ordonné au maire de Beaune Jean-Antoine Dupont de prendre immédiatement la place de M. Lamarle, en attendant un nouveau sous-préfet. M. Ygel prend alors bien soin d’ajouter à la fin sa lettre « La loi et l’ordre ne peuvent être maintenus dans le département que si messieurs les officiers publics restent à leur poste et obéissent à mes ordonnances ». Durant ce conflit, jusqu’à l’évacuation totale des troupes prussiennes, Beaune et ses alentours connaissent, en plus de la surveillance et des mesures de restrictions, de graves périodes de réquisitions de logements, vivres, voitures et animaux. L’issue de ce conflit est confirmée par le traité de paix de Francfort du 10 mai 1871, entrainant la chute de Napoléon III et la perte de l’Alsace-Moselle. Beaune n’aura la force de fêter sa libération qu’en 1872.

Sources : H II § 24 n°4

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