Le centenaire du monument Marey

monument_marey_001.jpg
A l’occasion du centenaire de l’érection du monument Marey, les Archives municipales et le Musée des Beaux-Arts de Beaune s’associent pour rendre hommage à cette grande figure scientifique dont notre ville a l’honneur d’être le berceau.
C’est seulement 4 ans après la mort de Marey à Paris le 13 mai 1904 qu’un Comité d’action du Monument Marey voit le jour sous l’égide du Principal du Collège Monge Auguste Dubois au début de l’année 1908. Le Comité agit en lien étroit avec la Mairie de Beaune qui, dès décembre 1907, offre un terrain et une somme de mille francs pour le monument .
Toutefois, afin de pouvoir recueillir la somme nécessaire à l’érection d’un édifice à la gloire de l’enfant du pays, le Comité de Beaune lance une vaste souscription publique auprès des Beaunois mais aussi du monde scientifique et médical dans son ensemble. Le bulletin de souscription insiste sur l’apport de Marey à de nombreux domaines scientifiques, évoquant bien sûr sa méthode graphique, son chronophotographe « qui, légèrement transformé, est devenu le populaire Cinématographe » mais aussi ses études sur le cœur et la circulation du sang ou encore ses observations du vol des oiseaux qui ont influencé les principes de l’aviation.
L’érection du Monument a pris du temps, sans doute bien plus que ne l’escomptait le Comité. En effet, le monument beaunois doit faire face à la concurrence de la souscription parisienne pour le monument de la capitale comme l’exprime le président de l’Association internationale de l’Institut Marey Hugo Kronecker dans sa lettre à Auguste Dubois : « vous m’avez adressé une circulaire sollicitant les souscriptions en faveur du Monument Jules Marey à Beaune. J’avais consenti de faire partie du Comité de Patronage du monument Marey à Beaune après que le Monument Marey au Parc des Princes à Boulogne devant l’Institut Marey sera érigé ou du moins garanti. Vous savez que ce n’est pas le cas. Par votre concurrence, vous compromettez les deux entreprises (…) »
Cette critique n’empêche pas Dubois de poursuivre son entreprise et d’activer tous les réseaux possibles à commencer par celui des anciens élèves du Collège Monge, lieu où Marey fit ses études. Dubois mobilise aussi les scientifiques, les médecins à l’échelle nationale mais aussi toutes les notabilités beaunoises, du maire Jacques Vincent à l’auguste Félix Ziem dont le nom apparait parmi les souscripteurs aux côtés de celui de Maurice Emmanuel, Beaunois d’adoption. La ténacité d’Auguste Dubois s’avère payante puisqu’il reçoit de nombreux dons, parmi lesquels on peut noter celui de la société d’Auguste et Louis Lumière qui envoie une somme de cent francs pour le monument beaunois . Afin de compléter sa collecte de fonds, le Comité édite également une brochure : Etienne-Jules Marey, notice publiée sous les auspices du Comité formé pour l’érection à Beaune d’un monument à la mémoire de notre savant concitoyen. La notice, publiée sous les presses de l’imprimerie beaunoise d’Henri Lambert, est en vente et permet de prendre connaissance très rapidement de l’œuvre de Marey.
Si le principe est acté depuis 1908, le monument verra le jour seulement en 1913. Entre temps, des débats ont lieu sur le choix de l’emplacement. Le Comité souhaite un lieu central et émet, dans un premier temps en juin 1910, son vœu de le voir ériger place Saint-Etienne – actuelle place Ziem – « en raison de la position centrale de ladite place et du fond gracieux que forme le pignon de l’Ecole des Filles . » Pourtant, quelques mois plus tard, le Comité revient sur sa décision et demande l’érection du monument sur la Place Saint-Martin « se rangeant, pour des raisons de proportions et d’esthétique, à l’avis de M. le sculpteur Henri Bouchard (…) »
Entre temps, en effet, la ville de Beaune et le Comité Marey ont organisé un concours. Plusieurs artistes élaborent maquettes et croquis. Les œuvres sont exposées dans la salle du Musée à l’hôtel de Ville. Les membres du Comité invitent des personnes qualifiées à choisir. Il s’agit de Charles Masson, beaunois d’origine et à l’époque conservateur adjoint du Musée du Luxembourg, d’Alexandre Sandier, directeur des travaux d’art à la Manufacture de Sèvres et d’E. Bouteillier, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon. Le projet « Duplex », œuvre du sculpteur Henri Bouchard et de l’architecte R.J Jardel, emporte l’adhésion du jury . Ce choix fait l’objet d’une contestation de la part du sculpteur beaunois Fraisse qui estimait que la réalisation du monument devait lui revenir en temps que concitoyen de Marey .
Une fois le choix de l’emplacement et des artistes effectué, restait à réaliser le monument puis à l’inaugurer, ce qui ne fut pas une mince affaire là encore. En effet, l’inauguration avait été fixée dans un premier temps en octobre 1911 mais aucun membre du gouvernement ne peut se déplacer en raison de la proximité des élections sénatoriales. C’est finalement le 31 août 1913 que l’inauguration du monument a lieu en présence du ministre des Finances, Charles Dumont.
Ce sont toutes ces péripéties que se propose d’aborder l’exposition qui aura lieu aux Archives municipales de Beaune pour le centenaire du Monument Marey du jeudi 12 septembre au 31 décembre 2013 dans la salle de lecture au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville. L’exposition mettra notamment l’accent sur les hommes qui ont œuvré autour d’Auguste Dubois pour que ce monument puisse voir le jour mais aussi sur les débats autour du monument et des artistes qui en sont les auteurs. Un rappel aura également lieu au Musée des Beaux-Arts.

Les Archives municipales sont évidemment intéressées par tout document, photographies, cartes postales ou reproductions sur ce sujet. Pour tout renseignement : archives@mairie-beaune.fr, 03 80 24 56 83.

Sonia Dollinger

Crédit photo : Archives Municipales de Beaune. 25Fi