Le dernier congrès des soeurs hospitalières à Beaune

congres1993.jpgDu 26 au 29 juillet 1993, Beaune est devenu le lieu d’un congrès inédit, celui des sœurs hospitalières de Sainte Marthe. Autour du thème Une spiritualité pour aujourd’hui, ce congrès rassemblait les congrégations de Beaune, Besançon, Paray-le-Monial, Charlieu, ainsi que les communautés de Soleure, Lucerne, Fribourg, Sion, Porrentruy et Délémont en Suisse. C’était la dernière fois que les Beaunois purent assister à une impressionnante procession des sœurs hospitalières, en costume, de la Collégiale Notre-Dame à l’Hôtel-Dieu où s’est tenue la célébration des 550 ans de la fondation de l’établissement par Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins.

C’était le 1er janvier 1452 que Nicolas Rolin accueillait six religieuses dans l’ Hôtel-Dieu, fondé en 1443 pour accueillir les pauvres malades. Ce sont les Sœurs Hospitalières. Le chancelier rédige le règlement pour qu’il soit adapté à l’hôpital. Approuvé par Pie II, l’Hôtel-Dieu dépend, au spirituel, de l’autorité du pape. Ainsi, ce règlement expose que « Les jeunes filles qui veulent s’engager comme servantes des pauvres doivent être issues de famille honnêtes, nées de parents mariés selon les lois de l’Eglise ». Une gratification de trois pistoles leur sera versée le jour de la Saint-Sylvestre. Cependant, « pour n’être jamais à la charge de l’Hôtel-Dieu, elles paieront leurs repas, achèteront leurs vêtements et jusqu’à la couche servant à leur repos, ainsi que les meubles et objets qui leur sont nécessaires ». Elles porteront une tenue blanche depuis la Pentecôte jusqu’à la Toussaint, et le bleu pendant le reste de l’année.

La vie des sœurs est laborieuse. Elles ont la charge des travaux d’infirmerie, de la cuisine, de la buanderie, tirer l’eau du puits, rincer le linge au lavoir, aller aux champs faire les moissons, faire les vendanges. Elles peuvent aussi, sur intervention de la maîtresse, passer la nuit au moulin ou au chevet de certains malades de la ville qui ont reçu ce privilège. Elles sont aussi chargées chacune d’un office ou d’une salle de malades. Et, tous les trois ans, elles en changent.

Peu à peu, la renommée de l’Hôtel-Dieu et la réputation charitable des sœurs conduisent certains établissements, dont Chalon-sur-Saône, à demander à ce qu’il leur soit confié quelques religieuses. En 1633, les administrateurs de Chalon écrivent à Beaune, un an après l’arrivée de Jeanne Ruchon, sœur en provenance de Beaune : « il y a bien du mérite à gagner envers Dieu pour vous, Messieurs, et de gloire pour la ville de Beaune, d’avoir produit et dressé des filles dont la charité et la sainteté est si vénérable que vous en remportés sur vos voisins tel avantages qu’ils vous en cèdent toute prééminences sur eux ». Après Chalon, les sœurs créeront de nouvelles communautés à Dole, Saint-Jean-de-Losne, Seurre, Auxonne, Vesoul, Saint-Claude, Arbois, Besançon, Baume-les-Dames, Poligny, Orgelet, Neufchâtel, Luxeuil, Pontarlier, Zoug…

Au cours du XVIIIe siècle le règlement évolue et la vie des religieuses s’améliore un peu. En effet, il leur est dorénavant permis de petit-déjeuner. Durant la Révolution, elles restent à leur poste malgré l’interdiction de pratiquer leur culte et de porter l’habit. Les guerres qui jalonnent les XIXe et XXe siècles, l’épidémie de choléra ou la variole n’offrent pas de répit. La laïcisation de l’hôpital accompagne le tarissement du recrutement des sœurs. La dernière Dame hospitalière a prononcé ses vœux en 1972. Elle a pris sa retraite en 2006.

Le 26 juillet 1993, dans le Bien Public, une des sœurs concluait l’article ainsi : « je ne suis pas inquiète. S’il n’y a plus de sœurs, notre message sera porté sous une autre forme. L’essentiel est que l’amour des pauvres et de Jésus-Christ subsiste ».

Sources :
– Georges Chevaillier, Histoire des religieuses hospitalières de Beaune des origines au XXème siècle. Centre beaunois d’études Historiques, 2006. B236.
– Le Bien Public du 26 juillet 1993.
– Archives de Beaune, cote 84Z portant sur les Sœurs hospitalières de Beaune.