Il existe à Beaune à la fin du XIXe siècle un vivier d’érudits locaux qui s’intéressent à l’Histoire. Certains d’enter eux, comme Charles Bigarne ont effectué des recherches sur les quartiers de Beaune. Les Archives municipales conservent précieusement ces textes, notamment une notice datée de novembre 1875 intitulée « La Bouzaize et le faubourg Perpreuil » qui permet de retracer l’histoire de ce quartier beaunois.
Au Moyen-âge, Beaune est le siège de nombreuses manufactures de draps. Un établissement de foulage de laine existait faubourg Saint-Martin et un autre établissement appartenant à la famille Lebault en 1450 se situait en aval de la ville « proche le moulin des Chartreux et proche le moulin de l’Orme dit moulin Galemard, auprès et par-dessus le moulin de la Folye et au dessous du moulin appartenant aux Templiers. ». Bigarne souligne bien le nombre impressionnant de moulins présents au faubourg Perpreuil dans les années 1480.
Bigarne évoque en particulier le moulin des Chartreux qui portait au XIIe siècle le nom de moulin de Fontenay car il appartenait à l’abbaye du même nom. Le moulin et les terres avoisinantes furent ensuite cédés aux abbés de Maizières qui le cédèrent à leur tour au duc de Bourgogne Hugues IV. En 1328, le duc Eudes IV fonde le couvent des Chartreux.
Dans le même quartier, les Chartreux possédaient une partie d’un « meix avec jardin sis en Beaunmarchief », une partie de l’actuel pré Beaumarché. L’ensemble du pré Beaumarché avait, auparavant, appartenu à l’abbaye de Cluny. Il reste de cette occupation clunisienne le nom de lieu « derrière Cluny ».
L’établissement de foulage de laine appartenait, quant à lui, à Jean Lebault qui disposait d’une fortune conséquente puisqu’il avait pu racheter aux héritiers de Pierre de Marcilly une partie du fief de la seigneurie de Gergy appelée « fief du meix Berthaut ».
Dans sa petite notice, Charles Bigarne évoque aussi l’existence du moulin du « prey », voisin de l’hôpital du Saint-Esprit. C’est en cet endroit que s’installe ensuite la tannerie qui a donné son nom actuel au parking. Les Archives de Beaune conservent d’ailleurs trace de cette tannerie par l’intermédiaire des pièces de procès qui opposèrent le meunier Philibert Saunier à l’Hôtel-Dieu pour une histoire d’ouverture de vannes…
Enfin, Bigarne évoque rapidement l’histoire du Clos de la Colombière qui faisait l’angle du faubourg Perpreuil et du boulevard Madeleine. Parmi ses propriétaires successifs, on compte le chanoine Taupenot qui avait proposé en 1606 de donner son clos pour l’établissement d’un couvent des Capucins. Cependant, l’emplacement ne fut pas jugé assez convenable et c’est la propriété du chanoine Loppin faubourg Saint-Martin qui accueillit cette nouvelle congrégation. Le chanoine Taupenot, propriétaire de la Colombière, fut enterré à Notre-Dame où une inscription de cuivre mentionne le fait qu’il fut « aumônier du roi Henri IV ».
Bigarne mentionne enfin que « ces belles prairies [le pré Beaumarché] morcelées et mises en culture étaient encore, au commencement de ce siècle [le XIXe] la promenade favorite des bourgeois de Beaune ».
Sources : Archives municipales de Beaune, fonds Bigarne, 34 Z