L’épidémie de fièvre typhoïde à Beaune en 1894

Il y eut une épidémie de fièvre typhoïde en France à la fin du XIXe siècle. La contamination se fait par l’ingestion de boissons ou d’aliments souillés par les selles d’un homme infecté, malade, ou porteur sain. Cette fièvre touchait particulièrement les armées en campagne. La typhoïde a régressé en France et en Europe suite à la javellisation de l’eau de boisson généralisée – du moins en ville – à partir de 1910. En 1888, André Chantemesse (créant le sérum de Chantemesse) et Fernand Widal démontrent la possibilité d’un vaccin contre la typhoïde qui sera développé par Sir Almroth Wright en 1896. Peu avant la première guerre mondiale, une loi du 28 mars 1914 impose la vaccination T.A.B. (vaccination contre la typhoïde et les paratyphoïdes A et B).
La ville de Beaune connait une période d’épidémie de fièvre typhoïde en l’année 1894 qui touche, entre autre, la régiment du 16e Chasseurs. Sachant que la contamination se fait par l’eau, on soupçonne la Bouzaise de transporter les salmonelles responsables de la maladie. En effet, une première lettre du 21 août 1894 évoque une requête du major Marchal, commandant d’armée, au maire de Beaune (Paul Bouchard) : « j’ai l’honneur de vous prier d’avoir la bonté de vouloir bien me faire savoir, dans le délai le plus bref possible, si vous pouvez alimenter le quartier de cavalerie avec les eaux de l’Aigue à l’exclusion des eaux de la Bouzaise […] Vous savez sans doute que l’on attribue l’épidémie de fièvre typhoïde qui sévit au régiment, au mélange de l’eau de l’Aigue à celle de la Bouzaise […] ». A la même date, le Général Brugère, commandant le 8e corps d’armée, insiste aussi sur ce point dans une autre lettre au maire : « En raison de l’épidémie de fièvre typhoïde qui règne actuellement au 16e régiment de chasseurs, épidémie qui, d’après les médecins, est due à l’usage des eaux de la Bouzaise, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien faire restituer provisoirement au quartier de cavalerie l’eau de l’Aigue pure qui y arrivait seule tout récemment encore ». Le général Brugère ajoute une information cruciale : « l’hôpital ne pouvant plus recevoir de malades et l’infirmerie régimentaire étant très encombrée […] », il demande alors l’ouverture de nouvelles salles militaires de l’hôpital qui auraient dû être terminées. L’on peut supposer que cette épidémie s’est propagée au restant de la population et que les services de secours et de soins sont plus que débordés en cette période. Pourtant, le 7 septembre suivant, un rapport d’analyse bactériologique des eaux de Beaune effectué par le Val de Grâce révèle ceci « 520 germes aérobies par centimètre cube. Les bactéries appartiennent à un petit nombre d’espèces de signification banale. Le bacile d’Eberth (responsable de la fièvre typhoïde) et le bactérium coli (bactérie intestinale) n’ont pas été rencontrés. Eau bonne. ». Aucune enquête ne suit cette analyse et ne nous informe du véritable responsable de l’épidémie.

ER

Sources : Archives Municipales de Beaune. H II §16 n°11.