L’Ordre du Temple créé pour défendre les lieux saints et les pèlerins qui s’y rendent, fonde à partir de 1129, des commanderies partout en France. En dehors des campagnes de guerre, les Templiers vivent dans ces commanderies, Jacques de Vitry, historien du XIIIe siècle, disait d’eux « Des lions en guerre, des agneaux en paix ».
La commanderie de Beaune est née de la donation d’un petit domaine par le duc Hugues III en 1177, elle comprend vite un vaste enclos où se trouvent divers bâtiments nécessaires pour assurer l’hébergement des chevaliers et du personnel. Le domaine prend le nom de « pourpris Saint-Jacques », du nom du saint patron choisi par les Templiers, Jacques le Majeur. Comme dans toutes les commanderies, une chapelle est élevée pour le service religieux de ces moines-soldats.
L’expansion de l’Ordre des Templiers se poursuit jusqu’à la moitié du XIIIe siècle grâce aux donations qui affluent. Vers 1250, la commanderie héberge quelques chevaliers prêts à partir, des chevaliers de passage ou revenus de Terre Sainte pour se reposer, mais aussi des vachers, des laboureurs et des vignerons qui non seulement assurent la subsistance des occupants, mais produisent également des surplus expédiés dans des commanderie urbaines ou en Terre Sainte.
En 1265, un jeune cadet âgé de 22 ans issu d’une noble famille de Franche-Comté, les Longwy Rahon et Molay se présente à la commanderie de Beaune afin de s’enrôler, il suit donc le cérémonial des vœux fixé par l’Ordre dans la petite chapelle de la commanderie. Ce jeune homme deviendra l’illustre Jacques de Molay, dernier Grand-Maître de l’Ordre du Temple, brûlé vif à Paris en 1314 sur ordre de Philippe le Bel.
En 1307, Philippe le Bel ordonne en effet l’arrestation de tous les Templiers du royaume. Les chevaliers de la commanderie de Beaune ne sont pas épargnés : c’est ainsi que le 14 septembre 1307, un commissaire du roi se présente à la porte du pourpris Saint-Jacques et arrête sept chevaliers.
Par la suite, Le commissaire fait établir un inventaire des biens de la commanderie et un syndic est nommé pour gérer l’ensemble. En 1309, le roi ordonne la liquidation de tous les biens et le domaine est dévolu, en 1312, par le pape Clément V aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Au XVIe siècle, la ville de Beaune loue la petite chapelle pour en faire un hôpital pour les pestiférés, après de nombreuses réparations, les bâtiments servent de casernement aux troupes de passage. En 1791 ces biens se retrouvent confondus avec ceux des chevaliers de Malte, et deviennent des biens nationaux qui sont rapidement vendus.
Aujourd’hui, la petite chapelle reste le seul élément encore existant de la commanderie, elle se trouve au milieu d’un quartier entièrement rénové dans les années 1990, seule la plaque commémorative nous indique qu’en ce lieu fût intronisé l’un des plus célèbres templiers de notre histoire. Le porche a été acheté par des Américains et se trouve aujourd’hui au Musée des Cloîtres de New-York.
Sources : B 49 : PERRIAUX Lucien, Les Templiers à Beaune, extrait des Mémoires de la Société d’Archéologie de Beaune, 1975-1976.
B 143 : CHARLOT, Michel, Le Temple Saint Jacques de Beaune 1177-1307-Souvenir du dernier Grand Maître des templiers, 1985.