L’inconduite des mobilisés dans les lieux publics au XIXe siècle

En temps de conflit, la cohabitation entre les civils et les militaires n’est pas toujours chose facile.

Lors de la guerre Franco-Prussienne de 1870-71, certains mobilisés en garnison à Beaune, logeant chez l’habitant, se conduisent parfois fort mal dans les lieux publics, en particulier lorsqu’ils sont avinés.

Ainsi, une lettre-rapport du commissaire de police de Beaune adressée au maire de la ville, datée du 22 janvier 1871, fait l’état de l’indignation générale des Beaunois envers des militaires cantonnés à Beaune. Selon le commissaire et le rassemblement de divers témoignages, au sein des lieux publics « ces hommes sont grossiers » […] « ils urinent sur les places et contre les fenêtres sans s’occuper de l’outrage public à la pudeur qu’ils commettent ». Dans le domaine du privé, ils ne se comportent pas mieux : « l’un d’eux a demandé à une dame chez laquelle il est logé s’il y avait un bordel en ville ».

Les habitants affirment croiser souvent les soldats dans les débits de boissons, tels que les auberges, les cabarets ou les bistrots, où ces derniers boivent visiblement beaucoup trop : selon le commissaire « ils se grisent dans les cabarets où ils emploient le vin blanc en guise d’eau pour couper leur vin rouge » […] Et malgré les interventions de la police locale et de quelques habitants plus téméraires que d’autres « ils braillent dans la rue jusqu’à dix et onze heures du soir. En un mot, ce sont des sauvages ! » Rapporteur de l’avis et des dires des Beaunois lassés par ce conflit et cette présence pesante, ce commissaire de police tient un discours clair et concis afin d’avertir le maire de la ville de ce ras-le-bol général. Cette lettre n’est pas la seule preuve d’indignation populaire envers l’armée et ses abus fréquents. Des pétitions conservées aux Archives municipales circulent quelle que soit la période concernée, comme lors de l’invasion autrichienne de 1814 et 1815 où les habitants de Beaune et des communes avoisinantes ont protesté contre les réquisitions de vivres, fourrages et animaux bien trop lourdes et quasi quotidiennes qui exaspérèrent les Beaunois et les habitants des campagnes environnantes laissant un souvenir amer dans la mémoire collective.

Sources : Archives municipales de Beaune – série H.