L’histoire de la maison de négoce Moingeon-Ropiteaux débute avec Jacques-Barthélemy Moingeon (1819-1900), né à Monthélie. Il s’établit à Savigny, où il fonde, en 1865, la maison Jacques-Barthélemy Moingeon-Ropiteaux (du nom de son épouse Françoise Ropiteaux, originaire de Savigny). Son fils, Eugène Moingeon-Ropiteaux (1850-1916) devient, à la suite de son père, négociant en vins et assure la prospérité de la maison. L’activité principale est l’élevage du vin en fût. Le fils d’Eugène, Alexandre Moingeon (1882-1959) reprend le commerce familial. La maison disparait en 1920.
Les Archives municipales de Beaune conservent des documents relatifs à cette maison de négoce, donnés par les descendants du fondateur. Dans ce fonds, un carnet intitulé « Vignes » présente un intérêt tout particulier puisqu’il renseigne sur les travaux des vignes au début du XXe siècle (avec notamment des types de plants qui n’existent plus de nos jours).
Ces archives couvrant la période de la Grande Guerre, la lecture de la correspondance permet d’appréhender la vie du négoce durant cette époque troublée. Si des négociants sont appelés à rejoindre le front, dont d’ailleurs Alex Moingeon qui est mobilisé et promu officier, ceux qui restent à l’arrière sont sollicités pour soutenir l’effort de guerre. La Chambre syndicale du commerce en gros des vins et spiritueux de l’arrondissement de Beaune compte sur le civisme des négociants pour soutenir les soldats. Son président, S. Moine, adresse une lettre à Eugène Moingeon-Ropiteaux, le 2 décembre 1914 : « Dans sa circulaire du 25 Novembre, le syndicat National des Vins nous communique une proposition émise par un certain nombre de Syndicats, ayant pour but l’envoi sur le front d’un Noël du soldat composé de vins en bouteilles, tabacs, etc. Votre Chambre Syndicale, dans sa dernière séance a étudié cette généreuse idée et, en pensant que le vin de Bourgogne serait bien accueilli par nos vaillants troupiers, elle estime que notre association doit prendre part à cette belle œuvre ; c’est pourquoi elle vous engage vivement à y participer. Connaissant le patriotisme et la générosité de nos négociants Bourguignons, le Bureau de votre Syndicat est assuré d’avance que son appel trouvera auprès de tous un accueil favorable. […] ». Par un courrier du 15 décembre suivant, le négociant est congratulé pour sa participation : « […] j’ai l’honneur de vous remercier sincèrement de votre généreux envoi de vingt-quatre bouteilles de vins fins destinées au Noël du soldat. […] ». Les années suivantes, cette action est réitérée. En 1916, l’appel se fait en ces termes : « Grâce à la généreuse bonne volonté de ses Membres, notre chambre Syndicale a pu, à l’occasion de Noël 1914 et 1915, expédier au Front, à nos régiments régionaux, un important envoi de vins fins. […] Plus la guerre est longue et dure, plus sont admirables les vertus d’endurance et de dévouement de ceux qui se battent, et, en particulier, des nôtres, qui, au Vieil Armand, au bois d’Ailly, en Champagne et dans le Nord, à Avocourt et à Fleury, ont glorieusement et rudement illustré la Bourgogne, plus impérieusement grandit envers eux la dette de reconnaissance du pays ! Il est un moyen modeste pour nous tous de leur montrer que nous ne les oublions pas et qu’une occasion de leur être agréable ne nous trouve pas indifférents. Aidez-nous donc tous, et faisons cette année, mieux que l’an dernier, où nous avions fait mieux déjà qu’en 1914. […] ».
Sources : Archives municipales de Beaune, 55 Z : fonds MOINGEON-ROPITEAUX.