Noël est une fête qui a perduré à travers le temps, et qui est à la fois religieuse et familiale. Religieuse parce qu’il s’agit de fêter la naissance de l’enfant Jésus, et familiale car c’est à cette occasion que les familles se retrouvent toutes ensemble pour un dîner et aller à la messe de minuit. Peu à peu, les cultures et les traditions locales sont venues agrémenter cet événement, qui en fait une particularité dans chaque province.
Le « Petit Roi de Grâce »
(Archives Municipales de Beaune – 4Fi155)
La religion a toujours tenu une place importante dans notre société, et l’adoration de Jésus a été exemplaire à BEAUNE. En effet, une statue du « Petit Roi de Grâce » a été offerte à Sainte Marguerite du Saint Sacrement par le baron de Renty en 1643. Elle symbolise l’apparition du Christ à Sainte Marguerite lui annonçant la naissance de Louis XIV.
Le « Petit Roi » fit l’objet d’un culte sans précédent : les pèlerins venaient de la France entière se recueillir dans la chapelle qui avait été érigée en son honneur chez les Carmélites de BEAUNE. La Révolution vint mettre un terme à cette dévotion et cette adoration, qui perdit alors de son ampleur.
Un peu d’humour
Relation de tous les compliments et discours faits à Jésus par messieurs du Parlement de Dijon le jour de Noël 1720, est un recueil satirique qui nous conte le Noël d’autrefois de manière originale. Un détail de chaque parlementaire est donné sur un ton comique, comme « le compliment de l’abbé David qui fut si froid et si long qu’il ennuya ses assistants », « Coutivron qui est venu en habit tout de pièces, comme un arlequin », « Sassenay qui quitta la table pour complimenter Jésus à l’étable puis revint finir son souper » ou « lorsque Lopin vint saluer Jésus, ce dernier le pris pour un gros rat et en fut effrayé ».
(Archives Municipales de Beaune – 34Z80)
Un siècle auparavant…
Le Journal de Beaune de 1908 nous informe que la fête de Noël était un événement d’une grande envergure pour les commerçants. Nous apprenons que les commerçants beaunois offraient, déjà à cette époque, une riche variété de choix de cadeaux aux habitants, « d’art et de goût ». Cependant les commerçants parisiens les concurrencaient en envoyant aux Beaunois des catalogues de leurs produits. Le journaliste incitait de ce fait les habitants de BEAUNE à acheter en priorité dans la commune et à offrir des produits locaux. Il décrit même un cercle vertueux pour argumenter ses propos : si les Beaunois font leurs achats chez un commerçant beaunois, celui-ci emploiera des ouvriers de la commune pour répondre à la demande, et il y aura donc plus de travail pour les Beaunois, ce qui sous-entend que leur niveau de consommation pourra croître en conséquence, ce qui fera augmenter la demande (à condition que la consommation de ces derniers se fasse également sur des produits locaux). Un dernier conseil était donné aux lecteurs, qui est toujours valable aujourd’hui : N’attendez pas le dernier moment pour faire vos achats !
Le casino GILLOUX proposait quant à lui une soirée Noël, moyennant une entrée de 0.30 frs, permettant aux jeunes de danser et de faire la fête.
Dans l’actualité nationale (Le Petit Journal, supplément illustré du 26 décembre 1908), les journalistes relatent les consommations de dindes et d’oies pour le réveillon de Noël qui demandaient un élevage de grande envergure. De grands marchés se tenaient en Normandie à cette occasion, qui approvisionnaient la France mais aussi l’Angleterre.
Noël était aussi l’occasion de manger toute sorte de gourmandises, telle la fameuse bûche, une poésie nous est donnée à lire à ce sujet.
Enfin, il y a un petit article sur un « Noël Impérial » : c’est à la veille de Noël 1811 que Napoléon, qui travaillait seul dans son bureau, eut l’idée de conquérir l’Inde en regardant l’atlas qui était ouvert sur l’Asie.
Noël pour tous
(Archives Municipales de Beaune – 19Z54)
Les Américains qui se trouvaient à l’université du Camp Américain fêtèrent eux aussi Noël. Un menu datant du 25 décembre 1918, rédigé en anglais, donne le détail de leur repas. Les plats, même s’ils sont variés, ont une tendance américaine. La liste des officiers et civils américains présents est inscrite sur ce menu.
Il y a 50 ans
En 1958, les rues de Beaune étaient déjà très décorées, des arbres de Noël étaient disposés un peu partout en ville, comme sur la place Monge ou devant la collégiale Notre-Dame. Les entreprises avaient aussi leurs arbres de Noël autour desquels les dirigeants réunissaient leurs employés pour célébrer l’événement, ainsi que les établissements d’enseignement primaire et de maternelle.
Durant tout le mois de décembre, les publicités des commerçants se succédaient dans le Bien Public pour les fêtes de fin d’année. L’arrêté préfectoral qui règle le repos hebdomadaire des épiciers a été suspendu durant la période de fêtes.
Les commerçants, notamment par le biais de l’Union commerciale beaunoise, ont voulu créer une ambiance de fête qui corresponde à l’esprit de Noël, en décorant leurs vitrines, ce qui vint ajouter de la couleur aux décorations de rues. Des jeux concours et des tirages au sort ont été organisés, avec la « distribution gratuite de réveillons surprises » (des bons de participations étaient distribués aux clients dans les commerces par tranche de 500 francs d’achat), et le jeu « La Fontaine pose l’énigme » qui consistait à trouver les solutions dans les vitrines des commerçants. Le tirage des réveillons-surprises s’est fait le 24 décembre, à 18 heures, sous les Halles de BEAUNE. En parallèle, sur la Petite place Carnot, avait lieu le tirage des filets-réveillons. Le Bien Public a également organisé un concours dans son agence de BEAUNE. Le Père Noël était présent à Beaune dans l’après-midi du 24 décembre et s’adressait à la foule depuis les toits de la rue Lorraine, en face de l’agence du Bien Public, vers 17 heures, pour ensuite distribuer des cadeaux aux enfants sages.
Les programmes des fêtes de Noël des paroisses étaient édités dans les journaux locaux.
La municipalité a permis à 310 enfants issus de familles nécessiteuses de fêter Noël, en leur proposant une séance cinéma dans la salle des fêtes de l’école Jules Ferry le 25 décembre. A cette occasion, des friandises leur ont été distribuées.
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année