Patrice LARROQUE

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Né à Beaune le 27 mars 1801, il est fils de Bertrand Larroque, marchand mercier et quincaillier, et de Claudine Bailly. Patrice Larroque est fortement marqué par la famille de sa mère, érudite et croyante. Son frère aîné embrassera l’état ecclésiastique, ses deux autres frères feront carrière dans l’instruction publique.

Il hésite entre plusieurs voies, entre au grand séminaire de Dijon poussé par sa mère, mais il verse petit à petit dans un déisme qu’il préfère appeler dans ses écrits une « religion rationnelle », combattant à la fois l’athéisme et les dogmes chrétiens. Cette solide formation religieuse lui permettra par la suite de polémiquer en connaissance de cause. Il épouse la fille du secrétaire général de la préfecture de Côte-d’Or, Michelle Josabeth Vaillant, et réussit rapidement l’agrégation et un double doctorat de littérature et de philosophie. Il entame alors une brillante ascension dans l’instruction publique où il est dès 1838 recteur de l’Académie de Limoges.

A partir de cette période, Larroque commence à s’affirmer sur le plan philosophique comme déiste et sur le plan politique comme républicain, ce qui lui vaut bien des revers de carrière. La Révolution de 1848 le tire un temps de sa disgrâce, il est nommé recteur de l’Académie de Caen puis de Lyon. Mais le régime de Louis-Napoléon Bonaparte s’empresse de le mettre en disponibilité. Larroque obtient sa mise en retraite en mai 1853, il se fixe à Paris et se consacre désormais exclusivement à ses travaux et ses ouvrages philosophiques.

Aucune étude approfondie n’a encore été publiée sur les thèses de Patrice Larroque. Son grand combat est celui de la religion dont il règle le sort :
« La lecture, simple et sans commentaire, du texte biblique suffirait pour éteindre la foi chez un juif ou un chrétien d’un esprit droit »
Pourtant, il n’est pas athée et ne s’inscrit ni dans la libre-pensée ni dans le positivisme. Fin connaisseur des textes sacrés, il se livre à une critique approfondie, s’attaquant en particulier au dogme de la sainte Trinité. Pour lui, le christianisme n’est qu’un « demi polythéisme » essoufflé. Il prône un déisme rationaliste fondé sur la perfection de Dieu et la nécessité d’une cause première à la création de toute chose. Républicain de bonne heure, Patrice Larroque s’oppose aussi bien à la Monarchie de Juillet qu’au Second Empire et propose de remplacer le président de la République par une commission issue de l’assemblée nationale. Enfin, il est pardessus tout antimilitariste et pacifiste.
Ses publications alimentent les polémiques, lui valent parfois de violentes attaques, notamment à propos de La vie de Jésus d’Ernest Renan qu’il traite de « roman ». Il est même condamné pour outrage à la morale publique et religieuse. En pleine guerre de 1870, il publie un point de vue assez moderne, salué par la presse d’opinion : De l’organisation du gouvernement républicain. Sentant ses forces décliner, il rédige en 1877 un dernier ouvrage, Religion et politique, sorte de bilan intellectuel et de testament spirituel.
Perpétuel insurgé, ce philosophe beaunois a incarné des débats qui restent prégnants au XXème siècle : les Eglises face à la raison et à la science, l’Etat face à la république … Seul le combat féministe n’intéresse pas Patrice Larroque, montrant ainsi les ambigüités et la complexité d’une pensée écartelée entre des élans progressistes et un fond conservateur.

A signaler : les Archives municipales de Beaune disposent d’un exemplaire de Rénovation religieuse, dédicacé à Hippolyte Carnot.

Crédit photo : Archives municipales de Beaune