Un monument indochinois à Beaune

61fi6620_monument_indochinois_beaune.jpg C’est au cœur du carré militaire du cimetière de Beaune que se dresse un monument inattendu. Sur le monument est gravée l’inscription « Aux 18 soldats indochinois morts en défendant la ville de Beaune les 17-18 juin 1940 ». Ce lieu rappelle le souvenir des troupes coloniales engagées aux côtés de l’armée de métropole. La présence d’un tel monument dans la capitale des vins de Bourgogne marque la reconnaissance de Beaune envers les combattants indochinois.

Les récits des combats de Beaune sont difficiles à trouver. Une partie des autorités est en fuite, le Journal de Beaune a cessé de paraître. Pourtant, quelques témoignages de ces terribles journées existent, notamment ceux de Joseph Delissey secrétaire général de la mairie.

Le 16 juin 1940, des avions allemands survolent Beaune et bombardent le quartier de la gare faisant une vingtaine de morts et précipitant les Beaunois sur les routes de l’exode.

Ce bombardement est un prélude à la bataille du lendemain. Le 17 juin, les colonnes allemandes arrivent par Arnay-le-Duc et Bligny-sur-Ouche. Elles rencontrent un poste français route de Bouze, vite balayé. Le plus fort de la bataille a lieu faubourg Saint-Nicolas sur « les buttes » et route de Dijon. Les forces françaises ont pour ordre de freiner l’avance allemande, sans succès. Les traces des combats sont encore visibles sur la façade d’un immeuble du faubourg Saint-Nicolas. On dénombre 70 morts français dont 10 civils et 60 militaires. Parmi ces 60 militaires : 18 soldats indochinois. Ces militaires trouvent la mort lors des combats engagés route de Dijon dans le parc de la bijouterie Rolot et Lemasson. « il fallut plusieurs jours pour inhumer les victimes » qui sont alors ensevelies dans une fosse commune sans identification.

Le sort des victimes de 1940 préoccupe la municipalité. Le 11 août 1941 : l’adjoint au maire Maurice Dard envoie au préfet un état des tombes des victimes de la guerre non identifiées : « à mon avis, en ce qui concerne les militaires, seules les exhumations de Jusczak et des 19 indo-chinois s’imposent : le premier parce qu’inhumé dans un jardin à proximité d’habitations, les autres pour individualisation des corps. » L’exhumation a lieu sur ordre de la Préfecture le 29 août 1941 puis leur inhumation dans un carré militaire. Pour les soldats indochinois, une description sommaire des corps est réalisée : on indique la taille des soldats qui varie d’1,55 m à 1,70 m. Un seul soldat porte son matricule (13.363) qui permet donc de trouver son nom : THUIONG Sô.

Un petit article de Beaune Informations du 28 mars 1945 évoque pour la première fois une cérémonie en l’honneur des militaires indochinois. Ce premier hommage officiel est organisé par les Tirailleurs indochinois et leur sergent-chef Tâ stationnés à Beaune en 1945.

Le sort des combattants indochinois préoccupe le Comité local du Souvenir français et son président propose en1948, de regrouper les restes de ces soldats en un ossuaire divisé en 18 cases et d’ériger un monument commémoratif dont le Souvenir français continue l’entretien aujourd’hui.

Sources : Archives Municipales de Beaune, 1 M 50