Les exemples de familles meurtries par la guerre ne manquent pas hélas. En ce centenaire du Premier conflit mondial, l’exemple de la famille Taccard nous permet d’illustrer ces propos.
Originaire de Saône-et-Loire, Jean Taccard, né le 7 septembre 1895, s’installe à Beaune avec sa femme Jeanne Delaye et ses 4 enfants. Il est employé comme vigneron et régisseur du clos Maire qui était alors planté en vignes bien avant d’être un lycée.
Avant sa vie beaunoise, Jean-Claude Taccard avait vécu dans sa chair la Première Guerre mondiale. Il est mobilisé avec ses trois frères qui vont connaitre un destin similaire et tragique:
En effet, Claude Emile Taccard, né en 1887, caporal au 2e Régiment d’infanterie coloniale décède des suites de ses blessures dans l’ambulance militaire de la commune de Lénoncourt dans la Meuse le 11 septembre 1918 ; Jacques dit Jean-Marie Taccard, né en 1891, soldat de 2e classe au 40e bataillon de Chasseurs à pied est tué à l’ennemi dans l’Aisne, au nord de Bucy le Long le 7 janvier 1915. Enfin, le troisième frère, Jean-Claude, né en 1894, soldat au 21e Régiment d’infanterie, est lui aussi tué à l’ennemi durant les combats de Notre-Dame de Lorette.
Ainsi, Jean reste le seul survivant de sa fratrie. Il n’est cependant pas épargné par la guerre. Soldat au 414e Régiment d’Infanterie, il est blessé le 21 octobre 1915 à Souchez (Pas-de-Calais) alors que, sous un feu violent, il s’est porté en avant des lignes pour chercher et rapporter son sergent mortellement blessé. Après sa convalescence, Jean Taccard retourne au front avec le grade de sergent dans ce même régiment du 414e d’infanterie où il se distingue au cours des combats du 26 au 29 avril 1918 en défendant sa position avec acharnement. Une nouvelle fois blessé, il obtient la médaille militaire accompagnée de la citation suivante : « Sous-officier d’une bravoure légendaire. Se trouvant encerclé dans une position avancée, après avoir fait éprouver des pertes sensibles à l’ennemi, a pu dégager sa troupe ; s’est replié le dernier en ramenant sur ses épaules un de ses hommes blessés. Une blessure. Deux citations. ». Il reçoit la croix de guerre avec palme et deux étoiles symbolisant ses blessures au front. Blessé à la jambe gauche par un éclat de torpille, Jean Taccard conservera toute sa vie les séquelles de cette période de guerre.
Outre la médaille militaire et la croix de guerre, Jean Taccard est décoré de la médaille de Verdun, de la médaille des blessés et de la croix du combattant. Il lui faut attendre 1970 pour recevoir la Légion d’honneur remise dans la cour de l’Hôtel de Ville de Beaune lors des cérémonies du 14 juillet.
Son fils prénommé également Jean Taccard est connu pour avoir fait partie de la Résistance puis de la Première Armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, suivant ainsi l’exemple de son père et de ses oncles.
Sources : collection H. Lefèvre, dépôt aux Archives municipales de Beaune