Exposition « Le Bon, Le Téméraire, Le Chancelier – Quand Flamboyait la Toison d’Or »

La Ville de Beaune et les Hospices de Beaune présentent du 4 décembre 2021 au 31 mars 2022 l’exposition-événement  « Le Bon, le Téméraire et le Chancelier – Quand flamboyait la Toison d’Or ». L’exposition, présentée dans trois lieux emblématiques de Beaune – les Hospices de Beaune, l’Hôtel des Ducs de Bourgogne et la Porte Marie de Bourgogne – met en lumière trois personnages de l’histoire de la Bourgogne médiévale en réunissant, de manière inédite, des chefs-d’œuvre venant des musées européens.

Commissaire de l’exposition : Philippe George

LA BOURGOGNE DU XIVème AU XVème SIECLE, UN FOYER ARTISTIQUE SANS ÉGAL

Digne héritière de l’exposition « Marie. L’Héritage de Bourgogne » présentée en 2000, cette exposition internationale au cœur de la capitale des Vins de Bourgogne propose un nouveau regard sur l’histoire et l’art bourguigno-flamand des XIVème et XVème siècles, en mettant à l’honneur les figures des deux derniers ducs – Philippe le Bon (1396 – 1467) et Charles le Téméraire (1433 – 1477) – et du chancelier, Nicolas Rolin (1376 – 1462), fondateur des Hospices de Beaune. Les œuvres exposées, en provenance de collections publiques et privées d’Europe, principalement belges, sont mises en regard d’objets actuellement conservés en France.

Plus de cent cinquante oeuvres de l’art médiéval sont réunies, mêlant peintures, sculptures, orfèvrerie, tapisseries, manuscrits ou documents d’archives afin de dévoiler l’art de vivre des élites et le savoir-faire des artistes et artisans du « grand-duché d’Occident ».

 

UNE EXPOSITION, TROIS SITES

HOSPICES DE BEAUNE

L’Hôtel-Dieu, véritable palais pour les pauvres construit par Nicolas Rolin et son épouse Guigone de Salins, est le lieu dédié au chancelier autour d’un parcours à la mesure de cette personnalité politique hors du commun d’une des cours princières les plus fastueuses d’Europe.

Autour de l’extraordinaire Christ de Piété, le Piteux, descendu de sa console et visible pour la première fois de près, la Salle des Pôvres retrouve son aménagement du XVème siècle par les pièces exposées et celles suggérées. Autour du célèbre polyptyque du Jugement dernier de Rogier Van der Weyden, des trésors internationaux sont exposés pour la première fois à Beaune, dans une scénographie qui permet de créer des résonances nouvelles autant en peinture qu’en sculpture. On y découvre la place centrale de l’art dans le rayonnement de la cour de Bourgogne et comment celle-ci devint un foyer artistique sans égal.

Beaucoup de documents d’archives inédits reconstituent la carrière du chancelier Rolin et son rôle politique majeur auprès du Grand Duc Philippe le Bon, qui fit rayonner la Bourgogne à travers l’Europe entière.

PORTE MARIE DE BOURGOGNE

Porte Marie de Bourgogne, le parcours nous plonge dans le prestigieux Ordre de la Toison d’Or. Dans la tradition des grands ordres militaires pour la reconquête de la Terre Sainte, l’Ordre de la Toison d’Or fut créé le 10 janvier 1430 à Bruges par Philippe le Bon pour « l’exaltacion de la foy et de saincte Eglise et excitacion de vertus et bonnes meurs ». Le Duc de Bourgogne entend s’attacher les services de vingt-quatre chevaliers parmi l’aristocratie de ses États. L’Ordre met en valeur la vertu de l’honneur, composante essentielle de l’idéal chevaleresque.

Tout comme les tapisseries réalisées pour la cour de Bourgogne, les manuscrits de la bibliothèque des Ducs nous informent sur l’imaginaire et les idéaux des princes à travers leurs lectures, comme l’histoire de Jason – héros païen, paradigme de courage et de vaillance, et chef des Argonautes, qui partit à la conquête de la Toison d’Or d’un bélier merveilleux gardé par un dragon, – et l’histoire de Gédéon, héros biblique et patron chrétien de l’Ordre. De toute évidence, en conférant aux chapitres de l’Ordre l’allure de véritables cérémonies d’apparat, celui-ci concourait à l’éclat et au faste de la cour de Bourgogne.

Porte Marie de Bourgogne, l’exposition explore aussi une date charnière dans l’histoire médiévale : 1453. Survenue peu après la fin du Grand Schisme et du rapprochement des Églises grecque et romaine, la prise de Constantinople par les Ottomans le 29 mai 1453 résonne en Occident comme une apocalypse. La catastrophe touche particulièrement Philippe le Bon, dont le père fut le captif de Bayezid 1er en 1396 après le désastre de Nicopolis. Dévot de la Terre Sainte, le Duc favorise tout au long de sa vie les relations avec l’Orient par de multiples pèlerinages, missions diplomatiques ou voyages d’exploration et de renseignement.

HÔTEL DES DUCS

À l’Hôtel des Ducs, l’exposition est consacrée au destin de Charles le Téméraire. À travers un ensemble d’objets évoquant les campagnes militaires (armes, armures, etc.), on découvre la volonté constante du Prince de se doter d’une armée conséquente et efficace. La Toison d’Or flamboyant sur la passe-garde de son armure noire, il est dans la boue des camps, des charniers des défaites, il est celui qui va affronter la tourmente.

Sa fille Marie, dont Beaune a déjà honoré la mémoire il y a 20 ans dans une grande exposition, est la garante de l’héritage de Bourgogne. En se mariant avec Maximilien de Habsbourg elle sauve le royaume de la Toison d’Or, et réalise le rêve d’Empire des Grands Ducs.

 

QUELQUES CHEFS-D’OEUVRE

LA TAPISSERIE : ENTRE ÉDIFICATION, OSTENTATION, PROPAGANDE ET LUXE

Au XVème, siècle Tournai est le centre d’un des arts les plus remarquables de la fin du Moyen Âge, la tapisserie, jusqu’à ce que Bruxelles lui ravisse la place au siècle suivant. Appel est fait aux meilleurs artistes pour des « patrons », projets-modèles de petit format transposés en « cartons » réalisés aux mêmes dimensions que la tapisserie. Des entrepreneurs-marchands exportent partout leur production. La cour de Bourgogne est un client important.

Ces œuvres gardent une stylistique gothique. Outre son utilisation religieuse (tentures de chœur), la tapisserie fait partie du cadre de vie, quotidien ou cérémoniaire. Elle peut aussi servir l’image du prince, racontant ses victoires et ses hauts faits d’armes.

Le métier à tisser se compose de deux cylindres pour tendre les fils de chaîne et permettre à l’artisan sa composition avec les fils de trame. Le carton est le dessin grandeur nature qui sert de modèle. On parle de basse lisse quand le plan de chaîne est horizontal et de haute lisse quand sa position est verticale. Les lisses placées au-dessus du lissier sont actionnées à la main, le carton est placé derrière le lissier. Les fonds sont faits de mille fleurs avant l’influence de la peinture qui amène perspective et couleurs. Des cycles historiques ou légendaires connaissent un succès : ici Adam et Eve, Caïn et Abel, l’ânesse de Balaam et bien sûr les célèbres tapisseries de la vie de la vierge de la Collégiale Notre-Dame de Beaune.

 

Statuette-reliquaire d’un évêque Mons, orfèvre Jacques de Stritem, vers 1467 à 1502 – Bruxelles, Collection Bernard de Leye

L’ORFÈVRERIE À LA GLOIRE DE DIEU ET DU DUC

En ce XVème siècle bourguignon, si l’orfèvrerie religieuse reste majoritaire, l’orfèvrerie laïque de luxe brille aussi de tous ses feux.
En 1511, le métier d’orfèvrerie de Mons est dit « de bonne et grande importance ». Les orfèvres du chapitre de Sainte-Waudru sont déjà connus dès la fin du XIIIème siècle. On commence à trouver des poinçons corporatifs à Mons, à Namur… et des poinçons onomastiques, poinçons personnels de l’orfèvre avec l’initiale de son prénom. Pour l’offrir à Marguerite d’York, lors de sa Joyeuse entrée à Mons, Jehan Cattel exécute « une couppe d’or à piet […] où les armes de la ville de Mons sont tailliez et esmaillez ».

L’organisation en « métiers » garantit la qualité et la conformité du travail. Bruxelles, Anvers, Malines, Bruges, Gand, Courtrai, Breda, Tongres… sont des centres de production et les marques des villes s’affichent : l’aigle de Liège, l’étoile de Maastricht, le château de Mons, le lion de Namur surmonté du briquet de Bourgogne, la main couronnée d’Anvers. Le lion, qui marque les pièces de Bruxelles dès le XIVème siècle, est flanqué, vers 1480, d’un saint Michel, patron de la ville.

 

PHILIPPE LE BON, LE ROUGE ET L’ORDRE DE LA TOISON D’OR

Portrait de Philippe Le Bon
Première moitié XVIIème siècle. Huile sur toile
© Hospices Civils de Beaune / photo Francis Vauban

Le rouge est la couleur noble par excellence, depuis l’Antiquité romaine, celle du pouvoir et de la chevalerie. Déclinée en des tonalités denses et riches, les rouges les plus précieux, notamment les « vermeils teints en graine » sont difficiles à obtenir et surtout très coûteux car réalisés à partir de grandes quantités de carapaces de minuscules insectes, la cochenille du chêne Kermès (que l’on prenait pour une graine). Le rouge était l’une des couleurs privilégiées du duc Philippe le Hardi, modèle de chevalier, qui avait gagné son surnom en défendant son père à la bataille de Poitiers. En 1430, son petit-fils le duc Philippe le Bon choisit cette couleur pour revêtir les chevaliers de son Ordre de la Toison d’Or. Son successeur Charles le Téméraire portera volontiers cette couleur dans ses vêtements quotidiens et d’apparat.
Si, à l’aube de l’année 1430, le duc de Bourgogne cherchait à frapper un « grand coup » en marquant les esprits par l’annonce de la création d’un nouvel ordre de chevalerie, pouvait-il deviner que la Toison d’Or continuerait, six siècles plus tard, de briller au firmament des distinctions encore attribuées à la fois par la Maison royale d’Espagne et celle de Habsbourg ?

INFOS PRATIQUES

Billet unique sur les 3 sites de l’exposition – Réservez en ligne

Tarif de base : 18 €

Tarif réduit : 13 € – Groupes de plus de 10 personnes, étudiants, familles nombreuses, demandeurs d’emploi, associations culturelles beaunoises

Tarif jeunes (de 10 à 18 ans) : de 7 € à 9 €
Individuels – 9,00 €
Groupes – 8,00 €
Collégiens de Côte d’Or – 7,00 €

 

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Les musées et institutions belges prêtent une grande partie des chefs-d’œuvre présentés dans l’exposition (Palais Royal de Bruxelles, Musée de la Ville de Bruxelles, Galerie Bernard de Leye, Museum MLeuven, Musée Royal de Mariemont, Archives générales du Royaume, etc).

Un catalogue accompagne l’exposition afin d’en développer le propos et de conserver un témoignage de sa présentation. Cet ouvrage de 250 pages réunit une quarantaine de spécialistes français et internationaux de l’art et de l’histoire des états bourguignons.

La médiation porte une attention particulière aux jeunes publics à travers la mise en place d’un parcours de visite ludique, doté d’un livret-jeu, et une programmation d’ateliers de pratique artistique en lien avec le thème de l’exposition.