Au-delà des documents purement administratifs, les Archives municipales de Beaune conservent des écrits provenant de particuliers : mémoires, correspondances ou livres de raison. Ces récits intimistes offrent une connaissance plus approfondie du passé de notre ville et un éclairage particulier sur certains événements.
C’est notamment le cas des notes de Charles Aubertin (1829-1902), figure emblématique de la société érudite beaunoise. Il est, en effet, l’un des fondateurs de la Société d’histoire et d’archéologie de Beaune dont il fut secrétaire de 1852 à 1875 puis vice-président de 1896 à sa mort en 1902.
En 1853, Charles Aubertin fonde le musée archéologique de Beaune et en demeure le conservateur jusqu’en 1871, date à laquelle la municipalité ferme le musée. Très impliqué dans la sauvegarde patrimoniale, Aubertin rassemble ses souvenirs d’enfance et consigne les bouleversements architecturaux dont Beaune fut le témoin dans la première moitié du XIXe siècle. Il nous apprend ainsi qu’en juin 1837, on démolit les halles sous lesquelles on retrouve enfouie une pièce d’artillerie d’époque Renaissance actuellement conservée au Musée des Beaux-Arts ; l’ancienne porte des Halles, datant du XVIe siècle, fut également préservée et installée sous les arcades de l’Hôtel de Ville où elle se trouve toujours.
Aubertin évoque aussi la démolition de la porte Madeleine en juin 1838 : « cette destruction eut lieu à cause de la difficulté que les paysans éprouvaient à faire entrer leurs voitures de foin par cette porte. » Passionné d’archéologie, notre témoin s’intéresse aux squelettes découverts en 1843 lors du creusement des fondations de la prison dans l’ancien cimetière du prieuré Saint-Etienne. L’année suivante, alors que se déroulent les travaux de terrassement du chemin de fer au faubourg Saint-Jacques, on découvre un puits antique bouché par une stèle dite de l’Hermès tricéphale que Jules Pautet conserve à la Bibliothèque. Elle se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts.
Aubertin évoque aussi quelques événements à caractère politique : en 1832, «le renversement de l’arbre de la Liberté causa presque une émeute » au faubourg Madeleine. Il rappelle aussi l’émeute du 30 mars 1834 à la Montagne, opposant les manifestants des droits de l’Homme aux forces de l’ordre. Les manifestants souhaitaient apporter leur soutien aux émeutiers lyonnais mais « une charge de dragons disperse le rassemblement sans coup férir et l’incident n’eut pas de suite. » selon notre témoin qui ajoute que « cette affaire ne causa pas un grand émoi. Le soir, une foule considérable assistait à une représentation du cirque Franconi établi sur le rempart des Dames. »
Ces sources précieuses pour l’histoire de Beaune sont consultables aux Archives municipales en sous-série 33 Z et les objets évoqués par Charles Aubertin sont exposés au Musée des Beaux-Arts.
Crédit photo : Musées de Beaune